I need to tell you the truth ft Cesar

un message assez surprenant dans le confessionnal qui touche de trop près ta famille, tu donnes le change sur les réseaux sociaux et face à tes colocataires, mais en ton for intérieur, c'est une tempête qui s'amorce lentement à l'idée que quelqu'un puisse leur vouloir du mal. quand pandora t'a demandé de la rejoindre dans un café, tu n'as pas ressenti une once d'hésitation et tu as accepté. tu sais que c'est un lieu qui n'est pas choisi au hasard, que ça canalisera tes possibles émotions négatives, comme la colère qui est la plus probable à sortir, tu imagines.

t'es sorti de chez toi bien habillé comme toujours, et t'as passé plus de temps à chercher un endroit où te garer qu'à faire le trajet entre le manoir où tu vis et ce café où ta soeur t'attend sans doute déjà. t'as la boule au ventre rien que d'imaginer ce qui pourrait sortir de sa bouche, mais tu fais en sorte de garder tes émotions à l'intérieur de toi et que rien ne se lise sur ton visage ou dans ton regard. tu la vois déjà installée et tu la rejoins assez enjoué, lui offrant une étreinte et une bise sur la joue. « hola hermana ! toute en beauté rien que pour un moment avec ton p'tit frère, j'suis honoré. » que tu dis avec un large sourire avant de t'installer en face d'elle en retirant ta veste, que tu déposes sur le dossier de ton siège. tu demandes un chocolat chaud à la personne en charge du service, puis tu la regardes avec un peu plus de sérieux. « bon, j'imagine qu'on est là pour ce qu'on a vu ce matin ? »

tu ne sais vraiment pas à quoi t'attendre au cours de cette entrevue avec pando, mais tu sens que ça ne sera pas de tout repos pour tes émotions. du moment qu'on veut toucher à ta famille, tu peux aisément passer du mec doux à une terreur incontrôlable, et heureusement quelque part, tu n'as jamais eu à montrer cette facette de toi au monde, du moins jusqu'à maintenant.

ça fait du bien de passer du temps avec ta soeur, même s'il était préférable que ce soit dans des circonstances différentes, ça reste une occasion d'être ensemble tous les deux. à son compliment, tu tournes sur toi-même, avec un sourire colgate. « ouais je sais j'suis le plus beau mec de ta vie ! et en prime on passe que des moments de qualité, que demande le reste du monde, sérieux ? » t'es un vrai gamin, mais au moins ça détend l'atmosphère avant même qu'elle ne s'alourdisse. la tasse brûlante arrive devant toi et il est temps que les choses soient dites. ses premiers mots donnent le ton. protéger perséphone. ton regard devient plus grave, et ton esprit beaucoup plus concentré. tu hoches la tête à la suite, puis enfin, ta voix se fait entendre. « j'peux pas promettre de ne pas m'énerver selon la gravité de ce que tu vas me dire, mais j'peux te promettre de ne pas exploser de rage ici et de contenir un maximum. » tu viens porter à tes lèvres ta boisson chocolatée, prêt à entendre la bombe qui plane au dessus de ta tête.

tu fais de ton mieux pour essayer de lui donner le sourire parce que d'ici quelques minutes, le ton changera radicalement et ton appréhension te donnera sans doute raison, entre le message paru dans le confessionnal et cette rencontre qui s'en est suivie, tu sais que ça va être compliqué pour tout le monde et que la suite ne sera qu'un enchainement de fuites de tous les côtés, de rages intériorisées et extériorisées, de peurs, de pleurs aussi peut-être, alors autant apporter éventuellement un dernier vent de fraîcheur avant que la lourdeur d'un ciel orageux ne plane au-dessus de vos têtes à tous.

et voilà que la discussion s'amorce, ta soeur qui met en place un cadre qui t'inquiète plus que de raison en te disant qu'elle espère que tu ne lui en voudras pas. mais pourquoi diable pourrais-tu lui en vouloir ? tu secoues négativement la tête sans oser laisser un mot sortir de ta bouche pour lui donner confirmation que tu ne pourras jamais lui en vouloir. et les explications commencent. dès le début, tu écarquilles les yeux, choqué des premiers mots. enlèvement, séquestration, sévices jusqu'à sa mise au monde. ta main vient machinalement couvrir ta bouche pour ne pas la couper, pour retenir les diverses insultes qui veulent déjà s'enfuir face à ce couple de dégénérés. la suite n'est guère mieux, provoquant même des hauts le coeur quand elle sous entend les choses qu'ils leurs faisaient subir. la voir craquer avec ses larmes silencieuses te déchire le coeur avec virulence. mâchoires crispées, tu sens la rage envers ce couple dangereux pulser dans tes artères et ta jambe tremble de plus en plus fort pour canaliser au mieux, mais ton regard ne peut pas trahir ce qui peut se passer dans ta tête. tu prends une grande inspiration pour retrouver de la contenance autant que se peut pour ne pas la laisser seule dans cette détresse. « j'peux pas t'en vouloir pando, ces gens.. ils avaient pas le droit d'faire ce qu'ils ont fait à ta mère, à toi, à perséphone, à ces autres gosses.. le trafic de gosses, j'suis passé par là quand j'suis né comme tu l'sais, et ça se passe pas toujours aussi bien que pour moi. » tu regardes un instant dehors comme si t'avais l'impression de suffoquer entre ces murs, avant de reposer ton regard sur elle. « nan, pars pas.. y'a sans doute d'autres solutions. t'es flic, t'as sans doute des collègues qui pourraient t'aider à j'sais pas.. poser un mandat d'arrêt sur sa tête parce que c'est un criminel dangereux ? mais on le laissera pas s'approcher de percy ni de toi avec mama. » jamais de la vie cet homme s'approchera de ta famille. ta main que tu tends sur la table pour attraper la sienne. « t'as pas à être désolée. tout ça, c'est pas de ta faute. »

éradiquer quelque chose comme le trafic d'enfants, c'est comme trier chaque brin de mauvaise herbe un à un, ça sera immensément long, peut-être même impossible car l'humanité regorge de personnalités plus ignobles les unes que les autres, et qu'à sa petite échelle, elle n'y pourra pas grand chose, malgré toute la meilleure volonté du monde. « malheureusement, tu peux pas contrer toute la misère de ce monde. on est qu'un petit pourcentage mondial à être passé dans ce rouleau compresseur, mais c'est déjà trop, et ça ne s'arrêtera pas. t'auras toujours des malades qui trouveront un moyen de recommencer cette merde. » tu écoutes attentivement son raisonnement, et tu peux le comprendre sans problème, mais la fuite ça serait laisser une brèche dans l'entourage pour que ce serpent perfide puisse s'engouffrer. « tu sais ce qu'on dit, non ? seul on avance plus vite, mais ensemble on avance mieux. on sera plus forts si on reste un bloc soudé pour se protéger mutuellement les uns les autres que toi toute seule dans ton coin. imagine s'il te retrouve et que t'es seule ? on s'en remettra pas s'il te fait du mal, pando. alors reste là, qu'on lutte tous ensemble. » tu ne lâcheras pas sa main, ni physiquement, ni mentalement. un mince sourire se glisse sur tes lèvres. « j'serai toujours là, hermana. »