push up (dean)

19/12/23 // un besoin d'évacuer les nerfs tendus, de libérer ton esprit de toutes ces pensées guidées par la vengeance et la rage. cette envie de casser la gueule de ce type jusqu'à le laisser pour mort si tu n'as pas le courage de l'achever pour laisser le sale boulot à d'autres. ça tourne en boucle dans ta tête, ces mots de ta nana sur tout ça, et plus ça tourne en rond, plus t'as du mal à redescendre, et plus t'as du mal à redescendre et plus c'est dangereux. le sport comme unique moyen d'évacuer tout ça, pousser de la fonte jusqu'à en avoir mal dans le corps, jusqu'à l'épuisement physique, c'est tout ce que t'as trouvé de sain pour ne pas devenir fou et surtout, pour ne pas trahir cette promesse de ne pas l'abandonner alors qu'elle a besoin de toi.
développé couché que tu pratiques à un poids de 70kg depuis une vingtaine de poussées, tu sens que tes muscles faiblissent un peu trop, que chaque extension musculaire devient plus compliquée que la précédente. mais plus que deux pour atteindre la trentième, ton mental doit prendre le dessus. plus qu'une. et là t'es dans la merde pour la dernière, impossible de replacer la barre sur son socle, t'as besoin d'un coup de main alors tu maintiens comme tu peux la barre lestée au dessus de ton torse pour ne pas qu'elle t'écrase, tu regardes sur ta gauche et ta droite. « hey, tu peux m'aider s'te plait ? »

t'es vraiment une tête de con quand tu t'y mets, tu sens que ton corps lâche mais t'es incapable de dire stop avant qu'il ne te freine lui-même dans ton élan. ça fait des heures que t'es là, que tu fais le tour des machines sans prendre assez de repos entre chaque session d'exercice, sûrement. mais heureusement quelqu'un t'aide à repousser la barre alors que t'as les bras en coton. tu reprends ton souffle, étendant tes bras pour détendre les muscles restés contractés à maintenir cette barre lestée. « gracias amigo » que tu finis par lâcher avant de te redresser pour t'asseoir sur le banc d'exercice sur lequel tu étais couché, récupérant la bouteille d'eau qui t'appartient et qu'il te tend. « j'ai trop forcé et j'me suis retrouvé comme un con à plus avoir de jus pour remonter la dernière poussée. » t'allais pas t'étaler sur le pourquoi du comment tu t'es retrouvé sans plus aucune force dans les bras, déjà qu'il a stoppé sa course pour ta gueule, t'allais pas non plus lui raconter ta vie, il s'en badigeonne les parties avec le pinceau de l'indifférence. « c'est cool de m'avoir aidé en tout cas »

ce mec a pas tort du tout, t'as pas fait que passer pour un con à vouloir pousser les limites de ton corps sans avoir pris la peine de te reposer entre chaque exercice, t'as voulu pousser à l'extrême tes capacités et tout ça pour quoi ? faire une contre performance et prendre le risque d'une blessure ou pire. vraiment, t'es nul quand t'es énervé et frustré de ne pas pouvoir agir comme ton instinct te le dicte, mais tu n'as qu'une parole et t'as dû évacuer ces émotions négatives comme tu pouvais. « ouais j'me doute, j'ferai moins le con la prochaine fois en tout cas. » c'est certes un peu vexant qu'un mec que tu connais pas te fasse comprendre que t'es un demeuré sur ce coup là, mais c'est réel, tu peux pas lui en vouloir de sa franchise. « j'me rappellerai de pas manquer de caner à côté de toi, tu vas me laisser sur le carreau. » un léger rire que tu laisses échapper, puis bon, t'as bien capté de pas réitérer l'expérience d'aujourd'hui à l'avenir. « j'ai mon meilleur pote qui ouvre un resto cabaret dans deux semaines, tu veux un repas d'exception gratuit pour toi et ton +1 ? » parce que de toi-même, t'as pas grand chose à offrir.