Cards under the table ▬ Hemera ♥

25/11/2023

Cards under the table
not so fairplay

ootd ▬ D’un sourire en coin, je mirais la carte de visite du restaurant dans lequel une table m’attendait. Je la fis passer entre mes doigts et jouais avec le bout de carton avec la certitude que cette soirée serait mémorable. Tout se passait exactement comme je l’avais prévu, à quelques détails près, je savourais ma victoire anticipée lorsque Sergeï fit irruption dans mon bureau. « Tout est prêt pour ce soir ? » D’un signe de tête il confirma. La réservation, le cadeau, les fleurs, le costume… l’assistant parfait qu’il était avait pris soin de ne rien oublié. C’était donc ça être à la tête d’un cartel… détenir l’ascendant sur les autres, exiger et se faire obéir… j’aurais presque pu y prendre du plaisir, mais la réalité était décidément bien loin de ce que j’avais pu imaginer. Prendre les rênes n’avait été qu’un moyen d’atteindre mes objectifs, le seul qui me permettait de venir la retrouver ici, dans son pays. Une porte de sortie dont je ne mesurais pas encore l’importance. Tête brûlée, joueur, irresponsable… j’étais sans doute le premier à savoir que ce titre ne m’allait pas, mais combien de temps pouvais-je ainsi voler avant de ne devoir répondre de mes actes ? Je secouais la tête, chassant ainsi les pensées étouffantes qui polluaient mon esprit pour me contenter de suivre ma feuille de route. « Merci, tu peux partir. » Je m’attendais à le voir opiner du chef et quitter la pièce, au lieu de ça, il me regardait fixement. « Ils sont au téléphone. » lâcha-t-il. « Et merde. » L’agacement fit luire mes perles ténébreuses que je dardais de nouveau froidement sur mon assistant. « Vas la chercher, emmènes-la au restaurant, j’arrive dès que je peux. » D’un accord silencieux, il disparut derrière le battant tandis que je décochais le combiné.

La conversation s’éternisait et je regardais nerveusement l’horloge dont les aiguilles me narguaient. Elles se moquaient de moi en poursuivant leur course folle et si j’avais été plus malin, j’aurais pu soupçonner que cet appel avait été planifié pour m’empêcher de m’occuper de mes plans personnels. Au lieu de cela, je les écoutais et leur fournissais les quelques informations que j’avais à portée de main, des miettes destinées à sauver mon poste… et ma vie. Lorsqu’ils semblèrent enfin satisfaits de ce compte rendu interminable, je reposais enfin le combiné et bondissais de ma chaise pour attraper ma veste au passage et quitter l’immeuble à grandes foulées. Je n’étais qu’à quelques mètres du restaurant que j’avais soigneusement choisi : une ambiance feutrée, une salle bordée d’alcôves dans lesquelles avaient été placées des tables à l’abri des regards. De l’apéritif au dessert, rien n’était laissé au hasard, et je pressais le pas pour pouvoir siroter une coupe de champagne avec Hemera avant qu’ils ne servent les entrées.

Le souffle court, j’entrais comme si je possédais les lieux. D’un signe de la main, j’imposais le silence au réceptionniste en me dirigeant tout droit vers la table qu’elle occupait. Le soulagement m’étreignit avec force, plus que je ne l’aurais imaginé. Elle était là, vêtue de la robe que je lui avais fait porter : une pièce faite d’une dentelle fine rendue opaque par un fourreau ajusté à sa taille. Je me délectais de la vue qu’elle m’offrait et souriais avec appétit en prenant place à son côté. « Navré pour le retard my love, les affaires… » Je raflais la coupe restante sur la table et en avalais quelques gorgées avant de lui donner mon attention pleine et entière. « Cette robe te va à merveille. » Je m’autorisais à glisser un regard vers ses jambes dénudées, une vision tentatrice dont je ne cherchais pas même à masquer mon enthousiasme en mordant mon inférieure. « Tu es prête à parler ? » soufflais-je tout près de son oreille.

25/11/2023

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@Rolan Volkov

ootd ▬ Le fameux jour était enfin arrivé, celui qui marquait mon rendez-vous officiel avec Rolan. Est-ce que j'avais bien fait d'accepter cette rencontre ? Je me le demandais encore, à vrai dire. Mais une chose était sûre... Il aurait insisté jusqu'à ce que j'accepte, il aurait même été capable de sonner à ma porte pour m'emmener lui-même. Il était l'homme le plus têtu et déterminé que j'aie pu rencontrer au cours de ma vie. Je ne pensais pas que c'était une qualité qui aurait fini par se retourner contre moi. Mais c'était moi qui avais abordé le fait de discuter. J'avais ajourné notre dernière rencontre après avoir déclaré ça... Je ne pouvais donc pas refuser une rencontre qui était tournée vers ce but, même si, soyons honnêtes, je n'étais pas persuadée que tout se passerait comme je le voulais. Mais je me devais d'essayer malgré tout. J'avais besoin d'avoir le fin mot de cette histoire de potentiel tromperie, et de savoir sur quel pied danser avec lui. Tout était trop flou, tout était trop compliqué. Et même si j'avais réussi à m'apaiser depuis la dernière fois, j'avais besoin de réponses à cette histoire pour pouvoir réussir à avancer.

Alors que j'allais partir à la boutique, le bruit de la sonnette se fit entendre. J'ouvris à la va-vite et rencontrai derrière la porte un homme, un livreur, qui me tendit une belle boîte cadeau. Je le fixais avec un peu d'incrédulité, me demandant d'où cela pouvait bien provenir. Je pris la boîte, le jeune homme attendant pour pouvoir repartir, et fermai la porte derrière moi, observant le paquet avec perplexité. Je me décidai finalement à l'ouvrir pour découvrir une belle robe noire... Avec un mot de Rolan à l'intérieur, mettant fin au mystère de l'expéditeur de ce cadeau. Il voulait que je porte cette tenue pour notre dîner... Je soupirai, posant la carte sur le côté, avant de sortir la robe pour l'examiner de plus près. Il avait bon goût, je ne pouvais le nier... Mais qu'est-ce que je détestais sa manière de vouloir tout contrôler. Je replaçai la robe dans la boîte avant de la refermer. Non, non, et non, Hemera, tu ne toucheras pas à cette tenue. Il est hors de question que je lui donne satisfaction ! Il m'avait déjà eue en choisissant la date, le lieu et l'heure du rendez-vous, il n'allait pas non plus choisir les vêtements que j'allais mettre sur le dos quand même ! Je tournai les talons, repartant vers la porte... Avant de finalement stopper mes pas et me retourner vers la boîte. En même temps... Ce serait dommage qu'une si jolie robe ne soit pas portée... Ce serait même criminel, non ? Je repris mes pas et me dirigeai vers la boîte... Mais m'arrêtai avant d'y toucher. "Non, non, Hemera, non..." J'essayais de m'auto-convaincre de la stupidité de faire une chose pareille... Je repartis donc en arrière... Avant d'être prise d'un dernier élan et de prendre la boîte pour la poser dans ma chambre... Tant pis, je vais lui faire croire que je rentre dans son jeu, voilà...

La journée au travail fut relativement longue aujourd'hui, bien plus qu'à l'accoutumée. Je pense que je redoutais finalement cette entrevue, plus que je ne le croyais. Et s'il disait la vérité ? Et s'il ne m'avait jamais trompée ? Et si... C'était juste moi qui avais tout mal interprété ?... J'avais encore du mal avec cette possibilité... Mais si c'était ce qui s'était vraiment passé, je n'aurais pas le choix que de faire face à cette dure réalité, à ma propre bêtise... J'aurais sûrement bientôt la réponse de toute façon. Enfin... Seulement si Rolan tenait ses dires et qu'on arrivait vraiment à en discuter... Un peu trop tête en l'air, je décidai de rentrer plus tôt, laissant mes deux employées fermées sans moi. J'essayais de m'occuper une fois chez moi pour ne pas trop réfléchir. Puis vint le moment où il fallait que je me prépare pour être à l'heure au restaurant. Dans un dernier soupir de résignation, je commençai à me préparer. Douche, maquillage, coiffure, habit... La totale. Je me regardai dans le miroir un instant, puis me demandai pourquoi je me donnais tant de mal pour ce dîner ?... Ce n'était pas un rendez-vous galant après tout, c'était juste un entretien pour discuter... Alors pourquoi m'étais-je mis un point d'honneur à me faire belle pour lui ?... J'étais désespérée de ma propre bêtise. J'avais beau essayer de me dire que tout ceci n'était que pour faire honneur à cette tenue... On savait tous très bien que c'était faux. Combien de temps allais-je encore me voiler la face ?

Je pris un taxi pour me rendre sur le lieu du rendez-vous. Je me fis conduire jusqu'à la table, un peu à l'écart du monde, que Rolan avait réservée et je pris place, constatant que j'étais la première arrivée. Je fus surprise de ne pas le trouver ici en premier, ça aurait pourtant été beaucoup plus son genre. Scrutant les environs, au bout de quelques minutes d'attente, je constatai qu'il n'arrivait toujours pas. Je soupirai, avant de prendre une des deux coupes de champagne qui avaient été servies un peu plus tôt à mon arrivée. Lentement, je vins caler mon dos contre le dossier de la sublime assise, un bras vint se croiser sous ma poitrine, l'autre tenant le verre que je portai à mes lèvres pour en boire une gorgée. Mes yeux se posèrent sur les tables environnantes, sondant leurs occupants. Il s'agissait majoritairement de couples. Il faut dire que l'ambiance du restaurant se prêtait parfaitement à l'idée qu'on se faisait d'un dîner romantique en tête à tête... J'allais donc devoir jouer des coudes contre l'univers pour pouvoir avoir une discussion sérieuse avec lui, sans me laisser avoir par tout le tralala qui nous entourait... Je sentais déjà que ça allait être compliqué. Faudrait-il encore qu'il se montre...

Inconsciemment, je me fixais une limite de temps, me disant que, s'il ne débarquait pas avant que j'aie fini mon verre, tant pis, je rentrerais chez moi... Et comme s'il l'avait entendu, je vis sa silhouette se dessiner au loin et pénétrer dans mon champ de vision allègrement. Mon cœur rata un battement bien malgré moi alors que je le voyais s'avancer dans son beau costume qui ne faisait que souligner son charisme naturel... Il était beau, je ne pouvais pas le nier. Il avait donc décidé de sortir le grand jeu. Je me redressai alors qu'il venait prendre place à côté de moi, s'excusant de son retard... Retard causé par des "affaires", une excuse donc bien vague, que je ne manquerais pas de décortiquer plus tard alors que cela venait faire tilt dans mon esprit. Je vis bien son regard se perdre un instant sur mes jambes dénuées du moindre tissu, et si j'avais eu une couverture à proximité, je l'aurais apposée afin de soustraire à sa vue cette partie de mon corps qui avait l'air d'attirer un peu trop son attention... Me rappelant que je n'avais peut-être pas fait le meilleur choix en acceptant de porter cette robe. "Je dois reconnaître que tu as bon goût, elle est très belle," lui répondis-je simplement. Nous voilà ensuite à entrer dans le vif du sujet, même si je pouvais entendre le ton nonchalant de mon interlocuteur pour qui, parler de choses sérieuses, je le savais, n'était pas son activité favorite.

Je sentis un frisson me traverser alors que je pouvais sentir légèrement son souffle sur ma peau... Non, ça démarre mal si je me retrouve à avoir des sensations pareilles pour une chose aussi futile. Je devais prendre sur moi et l'attaquer de front, il n'y a que comme ça que je pourrais finalement avoir des réponses à mes questions. Son regard se baladant à nouveau sur ma silhouette, je posai ma coupe de champagne sur la table avant de venir poser mon index sous son menton afin de relever légèrement sa tête vers moi, et d'attirer son regard. "Et si tu me regardais dans les yeux pour commencer ?" lui demandai-je. Je pouvais lire toute la malice dans ses perles sombres. Et je tentais de soutenir son regard sans me sentir destabilisée. "Je sais que parler ne t'amuse pas, mais j'ai besoin d'avoir le fin mot de cette histoire," commençai-je, afin qu'il tente un minimum de comprendre que j'étais sérieuse, et qu'il vaille mieux qu'il le soit aussi s'il ne voulait pas que je prenne la poudre d'escampette. " Tu me soutiens que tu ne m'as pas trompée... Mais ton histoire ne tient absolument pas la route. S'il s'avère que j'ai vraiment fait une erreur, je m'en excuserai platement envers toi. Mais pour ça j'ai besoin que tu me dises la vérité." Alors qu'il allait se mettre à parler, je posai finalement mon index cette fois sur sa bouche pour le couper. "Je te préviens, je ne veux pas entendre à nouveau l'histoire abracadabrante d'un ami pour qui tu aurais abordé cette fille de façon si enjôleuse. Évite d'insulter un peu plus mon intelligence s'il te plaît." Effectivement, j'avais un peu la sensation qu'il me prenait pour une idiote avec ça... Et c'était un sentiment pire que désagréable. Je libérai finalement ses lèvres avant d'ajouter : "Vas-y, tu peux t'exprimer." Nous allons bien voir s'il va se montrer honnête, ou non.

25/11/2023

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@Hemera Song

ootd ▬ J’espérais que mon entrée ait l’effet escompté… et je remarquais avec joie que les traits tirés de son visage trahissaient les émotions qui la submergeaient. Avec souplesse, je vins m’assoir à son côté et attrapais la coupe qui trônait seule sur la table pour la porter à mes lèvres. « Il faut dire que le modèle est facile à habiller… » répondis-je. « … autant qu’à déshabiller… » ajoutais-je d’un souffle, armé d’un sourire en coin que je voulais irrésistible. Je n’oubliais ni la raison de sa présence, ni mon objectif, aussi m’attelais-je à user et abuser de sensualité. Je tirais avec nonchalance sur ma cravate pour la desserrer et déboutonner le haut de ma chemise. Je vis son regard se perdre sur le col entrouvert et me félicitais intérieurement de n’avoir rien perdu de mes charmes à ses yeux. J’en rajoutais une couche en m’approchant pour venir murmurer au creux de son oreille. Elle voulait parler, soit, dans ma grande mansuétude, je lui permettais de me poser quelques questions. Quiconque nous observait aurait pu voir un couple amoureux et en proie à un désir à peine voilé. Mais si je savais combien il était facile de la faire ployer sous mes attaques, elle me surprit d’une détermination sans faille. Elle me toisait et m’affligeais d’une remarque à laquelle je ne pus réprimer un nouveau sourire mutin. « My Love… je peux te regarder… où tu veux. » soupirais-je.

Elle ne pouvait pas être plus proche de la vérité qu’en cet instant. Non, parler ne me plaisait pas. C’était une perte de temps alors que je pouvais aisément lui faire crier mon nom une dizaine de fois. Parler… c’était un exercice pour tenter de se donner bonne conscience, et la mienne n’était tiraillée que par ma vie professionnelle dissolue. Je soufflais alors qu’elle poursuivait et avant même que je ne puisse répliquer, barrait mes pulpeuses d’un index opiniâtre. Ce geste m’arrachait une nouvelle moue satisfaite et taquine, mais je l’écoutais d’une oreille attentive alors qu’elle me noyait de ses doléances. Ce ne fut que lorsqu’elle me permit de prendre la parole que j’attaquais et attrapais le doigt avec lequel elle m’avait bâillonné pour le porter à ma bouche. Je lui imposais un baiser sirupeux les yeux noir d’un désir incontrôlable, rivés aux siens. « Est-ce qu’à l’issue de ce dîner tu me feras goûter un autre bout de toi ? » Sa mine se renfrogna à ma remarque, et j’eus l’étrange sensation de me lasser. Comment était-ce possible ? Ses perles noires me fusillaient sur place et je décidais finalement de remettre à plus tard ce jeu du chat et de la souris. Elle voulait des réponses, alors je lui en donnerais. « Très bien. » Je me replaçais sur ma chaise et avalais d’une gorgée le reste de ma coupe. « Je ne te toucherais pas davantage. Pose-moi tes questions. » Je joignais mes mains entre elle comme pour appuyer mes propos et l’observais après avoir laissé tomber mon sourire de circonstance. Je n’affichais plus qu’une mine résignée. « Je te promets la vérité et l’honnêteté. Je t’offre une soirée entière durant laquelle je répondrais à tout ce que tu veux savoir. Je te promets de ne pas mentir. Est-ce que ça te convient ? » Ce revirement de situation me donnait le tournis, mais si je n’en avais pas encore conscience, je me rendais compte que d’être à son côté se révélait bien plus difficile que prévu.

25/11/2023

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@Rolan Volkov

ootd ▬ Rolan me chamboule, aussi bien sa présence que ses mots. Il m'attaque sans ménagement et il sait où appuyer pour me perturber. Il s'en donne à cœur joie en sous-entendus, en regards, en sourire... Dans un tout autre contexte, j'aurais allègrement rentré dans son jeu, comme j'ai pu le faire maintes et maintes fois par le passé. Mais aujourd'hui les choses étaient différentes. Aujourd'hui notre relation ne ressemblait plus à rien, elle était fractionnée entre tellement de choses. J'avais besoin de comprendre l'avant pour comprendre ce que je voulais aujourd'hui. Bien sûr, je ne pouvais pas renier la portée de mes sentiments pour lui. Ils étaient toujours là, j'en avais conscience même si je préférais faire l'autruche, mais cela ne m'indique pas le futur, ça ne m'indique pas ce que je vais décider de faire, il y a encore trop de zones d'ombres qui ne pourront être éclairées que par une seule et unique chose : la vérité.

Et je ne succombe pas à ses attaques, je tiens la barre, suivant le cap que je m'étais promis, et que je lui avais indiqué depuis notre dernière rencontre. Juste une discussion, rien de plus... Du moins tant que les choses ne sont pas claires. Il est frustré, cela se voit à sa moue et à ses soupirs. Je ne dois pas être drôle pour lui, mais tant pis, j'aurai tout le loisir de l'être plus tard, chaque chose en son temps. Je l'autorise à prendre la parole, après l'avoir empêché quelques secondes plus tôt... Et sa réaction me déstabilise une fraction de seconde alors qu'il recommence à jouer avec moi. Il embrasse mon index et sa phrase pleine de sous-entendus me fait froncer les sourcils. Avait-il vraiment entendu ce que j'avais dit plus tôt ? Il devait me connaître aussi bien que je le connais... Et si je lui avais spécifié que je partirais s'il ne jouait pas le jeu... Il devait savoir que c'est bel et bien ce que je ferais. Et comme s'il le comprenait, il battait en retraite pour se recaler sur sa chaise. J'observe chacun de ses mouvements avant que ses lèvres ne reprennent le mouvement. Il m'offrait une soirée de vérité, une soirée où je pourrais lui poser toutes les questions que je voulais et où il serait honnête. Je le fixe un instant avec un air dubitatif. Il a l'air sincère... Et j'espère vraiment qu'il l'est. "Vérité et honnêteté ? Très bien..." commençai-je par dire. Remettant mes idées en place, je m'éclaircis un peu la gorge, non sans boire une gorgée de champagne avant de repartir au combat. "Je vais commencer avec une question simple : Est-ce que tu m'as trompé ? Ensuite, si non, qui était cette femme et pourquoi étais-tu aussi enjôleur avec elle ?" Je pouvais sentir ma mâchoire se crisper et mon poing légèrement se serrer à la simple évocation de cette femme et de cette scène qui m'avait tant fait souffrir à l'époque. "Et... Pourquoi es-tu à Roselake ? Sur toutes les villes que compte ce pays, pourquoi celle-ci précisément ?!" Je tentais de reprendre le contrôle sur un cœur qui s'affolait. Je devais me contenir, je ne devais pas déborder alors que mes sentiments, je le savais, étaient à fleur de peau. "Je t'écoute," lui intimai-je afin qu'il fasse, comme il l'a dit, preuve d'honnêteté, au moins pour ce soir.

25/11/2023

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@Hemera Song

ootd ▬ Je m’étonnais moi-même de cet accès d’honnêteté. Depuis quand répondais-je à la sollicitude d’un pair ? Et ce, même s’il s’agissait d’Hemera, ne m’étais-je pas promis de lui tenir tête, de la faire souffrir autant que la torture qu’elle m’avait infligée ? Etais-je à ce point si faible lorsqu’il s’agissait d’elle ? « Vérité et honnêteté » répétais-je. Je capitulais, j lui accordais ce que je n’avais pourtant jamais cédé, à qui que ce soit. D’agacement, d’impatience, mais aussi sans doute d’appréhension, je croisais les bras sur ma poitrine et l’observais se débattre avec les pensées qui affluaient soudain derrière ses pupilles dilatées. La première question fut lâchée, mais avant de répondre, j’attendais que les interrogations passent toutes l’ourlet de chair. Aucune surprise, je m’attendais à cette question depuis notre dernière rencontre, depuis que le nom de Nikka m’avait échappé. Puis elle m’asséna sa deuxième requête, un ton de défiance plus que de curiosité. Je retenais avec peine le soupir de m’échapper, préférant ainsi nier l’exaspération de ce pseudo interrogatoire.

Avec paresse, je me redressais sur mon siège et plongeais mon regard dans le sien. « Je t’accorde cet instant uniquement, tout ce que je te dirais, c’est à toi de choisir de le croire ou non, mais je ne manquerais pas à la promesse que je viens de faire : honnêteté. » J’énonçais les règles du jeu, un rappel que je voulais clair avant de devoir lui répondre et de risquer ma couverture quasi inexistante. « Non, je ne t’ai jamais trompé. » Son visage se décomposait et avant qu’elle ne puisse répliquer, je poursuivais. « Jamais. » soulignais-je avec sérieux. « Nikka était une recrue que l’on m’a envoyée charmer afin qu’elle signe un contrat plus facilement. Ce ne sont, certes, pas des méthodes très ordinaires, mais c’est ce qu’on m’a demandé de faire et que j’ai exécuté. J’ai murmuré quelques plaisanteries à son oreille avant de la conduire dans le bureau où m’attendaient mes supérieurs. J’y suis resté quelques minutes seulement avant de partir, mais je pense que si tu m’as vu entrer, tu n’as sans doute pas attendu que j’en sorte… » Mon cœur se serrait à mesure que je dévoilais ce que j’avais toujours gardé caché. « Il n’y a jamais eu personne d’autre que toi. Et quand bien même j’ai pu me montrer intéresser par d’autres femmes, ce n’était jamais personnellement. » Je n’avais pas besoin de savoir lire ses pensées pour voir à quel point elle souffrait de cette révélation. Mais plutôt que de céder à la douleur à mon tour, je répondais à sa seconde question. « Pour toi. » lâchais-je sans détour.

« Sur toutes les villes que comptent ce pays, ce continent, cette planète… pourquoi penses-tu qu’il y ait une autre raison que toi ? » La vérité était un fardeau dont je me délestais enfin. J’avais passé des jours, des mois, des années à ruminer pour finalement la retrouver. « Je ne t’ai pas menti, je suis venu pour toi, j’ai attendu longtemps une opportunité pour pouvoir venir, et elle est finalement venue. » C’était d’une simplicité à la fois enfantine et alarmante, d’une évidence limpide, si ce n’était pour elle, pourquoi diable serais-je venu en France ? Pourquoi aurais-je quitté le seul emploi que j’affectionnais pour un poste qui me donnait l’envie de hurler ? J’exécrais ces responsabilités, j’abhorrais ces réunions, ces comptes rendus et ces petites vengeances qui tournaient au pugilat. Et je comprenais, je réalisais à quel point je me moquais de cette promotion, je n’avais eu qu’un seul but : elle. « Doutes-tu encore ? Je t’ai promis l’honnêteté, je te l’ai donné. Et toi, sauras-tu être honnête à ton tour ? » Elle m’avait poussé à la confidence, ce n’était qu’un juste retour qu’elle le fasse également. « Est-ce que tu m’aimes encore ? »

25/11/2023

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@Rolan Volkov

ootd ▬ Je luttai contre l'affliction profonde de mon cœur en cet instant. Vérité, honnêteté, il avait promis, et pour une fois, il avait l'air tout à fait sérieux. Et pourtant, en cet instant, je ne savais pas si j'aurais préféré qu'il mente. Son histoire était étrange d'une certaine manière, mais je ne prêtais même pas attention aux détails, bien trop concentrée sur le fond de ses aveux. La douleur était vive, intense. Je savais qu'elle le saurait si j'apprenais que je m'étais réellement trompée... Et c'était le cas. J'avais été à côté de la plaque, complètement à côté. Il y avait bien des raisons qui m'avaient poussée à croire ce que j'avais toujours cru, cette déduction n'était pas tombée du ciel... Mais malgré tout, au lieu de fuir comme je l'ai fait, j'aurais dû lui parler, le confronter, l'écouter... Pourquoi ne l'ai-je pas fait ? Ma main se ramenait avec automatisme vers mon cœur, trahissant l'état émotionnel dans lequel je me trouvais présentement. Et il enchaînait, il enchaînait encore et encore les choses, les mots, les explications, les réponses à ses questions que je lui avais posées en chaîne. Pour moi... Il était bel et bien revenu pour moi... Et là, je ne comprenais plus rien. Pourquoi ? Pourquoi serait-il venu ? Tout ceci n'avait aucun sens à mes yeux. Je me sentais perdue, complètement désorientée, presque comme cette nuit lors du speed dating... Pourtant, je m'étais préparée psychologiquement à cette rencontre... Malgré tout, cela n'avait vraisemblablement servi à rien. Aucun son ne voulait sortir de ma bouche, j'étais comme muette, ce qui lui donnait tout le loisir de continuer son flot de paroles, et d'en arriver à son tour à me poser une question, une question qui me faisait relever les yeux alors qu'ils s'étaient perdus dans le vague pendant un instant indéterminé. Machinalement, je tripotais mes doigts à cause du stress de la situation, je ne savais plus vraiment où j'en étais, et sa question venait de sonner le glas de cette tirade qui venait de me mettre à terre.

Est-ce que je l'aime encore ? Même si j'avais tenté de lutter contre cette idée depuis sa réapparition... La réponse n'est-elle pourtant pas évidente ? Je l'avais aimé comme jamais je n'avais aimé à l'époque. Et lorsque je l'ai retrouvé après cinq ans, c'était comme si mon cœur se réveillait d'une longue et douloureuse léthargie. Il me demandait d'être honnête, honnête sur une réponse dont je savais très bien qu'il connaissait déjà la réponse. Mais peut-être éprouvait-il le besoin d'entendre ces mots sortir de ma bouche ? J'hésitai un instant, un court instant avant de finalement retrouver l'usage de la parole : "Vérité et honnêteté ?.." Soufflai-je un instant, plus pour moi que pour lui finalement, avant de me décider à répondre une bonne fois pour toute à cette question Ô combien importante. "Je t'aime. En cinq ans, rien n'a changé. Je t'aime toujours autant." Je ne pouvais pas me montrer plus directe et sincère. Je jouais le jeu, comme lui le faisait. Donnant donnant, c'est ce qu'on dit, non ? Même si ça me faisait mal de l'admettre, et surtout de le dire à haute voix.. Je ressentais quand même un certain poids fuir mes épaules endolories par tout ce stress qui m'accompagnait depuis bien trop longtemps. "Mais est-ce que ça veut encore dire quelque chose aujourd'hui ?" Dis-je soudainement, comme une prise de conscience soudaine qui m'animait. Je me redressai sur ma chaise et le fixai sans détour. "Je suis désolée... Je pense que je ne pourrai jamais assez m'excuser pour ce que j'ai fait... Pour être partie sans chercher à comprendre ce qui s'était passé... Je crois que justement je t'aimais tellement que j'ai eu peur... Peur de ce que tu pourrais m'apprendre à l'époque. Alors j'ai fui..." C'est moi qui ai été lâche, moi qui ai ruiné notre relation.. J'avais tout foutu en l'air alors qu'à ce moment-là, j'aurais pu envisager ma vie avec lui, en Russie... Alors pourquoi ai-je eu soudain si peur ? Il me cachait des choses, je le savais... Était-ce ça qui m'avait fait si peur ? Je crois que je n'en aurais jamais réellement la réponse.

Mais tout ceci ne changeait pas le fait que je ne comprenais pas certaines choses. Et surtout pourquoi il était venu ici.. Rien de tout ceci n'avait de cohérence à mes yeux. Aussi décidai-je de continuer à profiter de sa carte "honnêteté" autant que je le pouvais pour essayer de comprendre. "Tu dis que tu es venu pour moi... Mais pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu serais venu pour celle qui t'a brisé le cœur ?" Tout ceci n'avait réellement aucun sens. Je lui avais fait du mal, je l'avais abandonné même si je n'en avais pas réellement eu conscience... Mais ça, il ne le savait pas. Alors je ne comprenais pas pourquoi il se retrouvait là, face à moi aujourd'hui. Par amour ? Par vengeance ? Cette idée m'effleurait malgré moi l'esprit... "Qu'est-ce que tu attends de moi, Rolan ?" Mon regard empli de détermination sondait ses perles sombres en quête d'un indice. Qu'il me dise les choses clairement, que je sois fixée une bonne fois pour toute sur ses intentions. Cinq ans... Réapparaître comme ça au bout de cinq longues années... J'avais besoin qu'il m'explique.

25/11/2023

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@Hemera Song

ootd ▬ Je ne prenais pas encore conscience de ce que je venais de lui révéler. J’avais avoué sans détour, je lui avais servi la vérité pure et simple, celle qu’elle réclamait corps et âme pour finalement torturer sa conscience. Elle m’avait brisé, bien plus que je ne voulais l’admettre. Je m’étais laissé happé par la douleur dès l’instant où elle m’avait quitté. Si je le savais, si je le reconnaissais, je refusais encore d’admettre qu’elle m’avait écorché à ce point. J’avais imaginé, rêvé cet instant, celui d’une vengeance savamment planifiée… un plan qui avait notamment lamentablement échoué... Je pouvais lire dans ses perles la douleur de la réalité. Je m’étais imaginé être pleinement satisfait face à ce regard désabusé, peut-être même jubilé de savoir qu’elle aussi souffrait autant que ce qu’elle avait pu m’infliger. Je m’étais cru suffisamment fort pour sourire à sa défaite, me proclamer grand vainqueur de cette guerre que je menais seul contre elle… et pourtant. Face à sa détresse, j’eus une impression de vide, aucune joie, aucun enthousiasme, aucune exaltation, sa tristesse me nouait l’estomac. Et il me poussa à poser une question que je m’étais promis de ne jamais aborder. Les sentiments. Cet amour indéfectible que nous avions partagé pendant près d’un an, celui-là même que j’éprouvais encore malgré moi. J’avais eu beau le découper, l’enterrer, le piétiner, il demeurait invincible. Je n’ignorais pas qu’elle ressentait encore quelque chose pour moi, dans le cas contraire, aurait-elle seulement répondu à mes baisers volés ? J’avais l’intime conviction qu’il subsistait encore quelque chose entre nous, un lien invisible mais indestructible qu’elle me confirma d’un souffle.

J’avais beau m’être préparé à cet aveu, le frisson me traversa de part en part tandis que je gardais un visage impassible, mais intérieurement, mon cœur s’emballait. C’était tellement différent de l’entendre le dire. Une joie de courte durée puisqu’elle vint aussitôt la poignarder. À sa réflexion, je me renfrognais sur ma chaise et croisais les bras sur ma poitrine. Même ses excuses ne purent faire tarir le feu qui grondait au creux de mon ventre. « Tu as fui… » comme c’est pratique… Sans en avoir conscience, elle ravivait la flamme d’un désir de vengeance à moitié oublié, et si je brûlais de hurler, je me contenais du mieux que je pouvais. Je passais d’un état à un autre sans transition aucune uniquement par sa simple volonté. Des mots tranchants dont je ne sortais pas indemne. Mais alors que je ravalais ma fierté, je la laissais poursuivre son résonnement et ses questions. J’eus un rictus à son interrogation. « Rien. » lâchais-je aussitôt. Je me surprenais par l’audace de cette réplique. Mais guidé par un mélange de colère, d’amour, de joie et de peine, je ne cherchais pas même à sceller mes lèvres qui déversaient déjà ces émotions contradictoires. « J’aurais donc dû rester en Russie après que tu m’aies abandonné ? J’aurais dû accepter ça sans broncher ? » Inconsciemment, je me redressais sur ma chaise. Elle ignorait tout ce que j’avais pu traverser juste pour la retrouver, et si je mourrais d’envie de le lui avouer, je ne pouvais le faire. « Tu dis m’aimer même cinq ans après, n’est-ce pas une raison suffisante ? » Je la détestais d’avoir ainsi avoué ses sentiments pour les reprendre violemment. « Honnêteté ? » lâchais-je abruptement. « Je n’en sais rien… je ne sais pas ce que j’attends de toi. Certainement pas de me faire arracher le cœur une nouvelle fois en tout cas. »

Sans davantage d’explication, je me levais alors que le serveur venait finalement prendre notre commande. « J’ai besoin d’air, servez madame. » Je quittais la chaleur étouffante du restaurant dans le seul but de m’octroyer un semblant de répit dans le froid d’un hiver tardif. Je lui en voulais, mais surtout, je me sentais ridicule d’avoir pu croire que rien ne m’atteignait. Elle donnait puis reprenait, elle jouait avec moi comme avec une marionnette. Un instant, je pensais à fuir à mon tour, la laisser seule dans ce restaurant, l’abandonner en espérant qu’elle puisse ressentir ce trou béant, mais je restais immobile au beau milieu de la rue.

25/11/2023

Cards under the table
not so fairplay

@Rolan Volkov

ootd ▬ La confusion m'envahissait complètement. Je n'arrivais plus à penser, à réfléchir de façon cohérente. Tout me tombait dessus et il était difficile d'assimiler quoi que ce soit. J'avais confirmation d'avoir été la méchante de l'histoire, celle qui était partie en abandonnant tout derrière elle, notamment celui qu'elle aimait... Et qui l'aimait en retour. Je n'avais pas vraiment d'excuse à part ma propre stupidité. J'avais commis une erreur... Et aujourd'hui je devais en payer les conséquences d'une manière ou d'une autre. C'est certainement pour ça que lorsque je lui avouais que je l'aimais toujours, je ne pouvais m'empêcher d'insinuer que cela ne changerait pas grand-chose à la situation. Je l'aimais oui... Mais notre relation n'avait pas d'avenir... Elle ne pouvait pas en avoir, pas après tout ça... Pas vrai ? C'est en tout cas ce dont j'essayais de me convaincre. Il avait beau me dire qu'il était revenu pour moi, mon cerveau ne voulait pas enregistrer l'information. Je n'y comprenais rien, cela n'avait ni sens ni logique. Certains diraient que le cœur a ses raisons que la raison ignore... C'était sûrement vrai dans le cas des autres, dans le mien, je n'arrivais pas à mettre en pause les raisonnements de mon esprit pour juste me concentrer sur les sentiments.

Il n'attendait rien de moi, c'est ce qu'il prétendait... Mais cela ne m'aidait en rien. Je ne savais pas non plus ce que j'attendais de lui à vrai dire. Ni de cette rencontre, de cette discussion... Plus rien ne semblait avoir de sens et je me sentais perdue plus que jamais. Il semblait contrarié, je pouvais aisément m'en rendre compte à sa façon de me répondre... Et encore plus alors qu'il quittait la table soudainement. Je venais m'accouder à la table un instant, posant mon visage entre mes mains, soupirant avant de me voir interpellée par le serveur qui était finalement arrivé et que je n'avais même pas remarqué avant. Je relevais la tête vers lui et tentais de lui sourire alors que je me levais. "Je suis désolée... Nous n'allons pas dîner finalement. Veuillez nous excuser." Le serveur semblait surpris, je suppose que ce genre de chose n'arrivait pas souvent. Mais je pense qu'actuellement, c'était le plus sage. Continuer ce dîner serait une erreur. Pour lui comme pour moi, c'était évident. J'enfilais mon manteau et reprenais mon sac avant de passer par l'accueil du restaurant pour régler les consommations déjà consommées. Puis, alors que j'allais sortir, je m'arrêtais une seconde devant la porte. De loin, je pouvais apercevoir le dos de Rolan... Et mon cœur se serrait bien malgré moi dans ma poitrine. Est-ce que je lui avais fait du mal encore une fois avec mes insinuations ? Est-ce qu'il était réellement venu pour me récupérer ? Pour qu'on recommence tous les deux ? Si c'était le cas, mes paroles avaient réellement dû l'impacter... Pourquoi est-ce que je pensais à ça soudainement ?... Peut-être parce que son attitude, sa façon de parler, d'agir, semblaient aller dans ce sens. Peut-être m'aimait-il encore réellement lui aussi ? Question que je n'avais pas eu envie de lui poser, sûrement par peur de ne pas entendre ce que je voudrais... Mais qu'est-ce que j'aurais aimé qu'il réponde exactement ?... Encore une fois, je n'en savais rien. Ou alors, au fond de moi, j'avais bon nombre de réponses, mais je n'avais pas envie de les envisager.

Je pris un instant pour inspirer profondément avant de passer la porte du restaurant. J'avoue que, pendant une seconde, je m'étais imaginée qu'il serait tout simplement parti... Parti comme je l'avais fait cinq ans auparavant. Mais non. Il était toujours planté là, immobile... Que devais-je faire, moi ? Simplement lui dire au revoir... Ce serait le mieux. Simple, clair, concis... Mais je savais très bien qu'avec lui rien n'était réellement simple. Je m'avançais un peu plus vers lui, jusqu'à m'arrêter à un mètre de lui. "Je t'ai encore blessé c'est ça ?... Je suis décidément douée pour ça..." Tu devais simplement dire au revoir Hemera... pourquoi tu te lances dans une nouvelle envolée lyrique tout à coup ?... Je retins un pas de plus vers lui. Mon instinct me poussait à aller vers lui, à passer mes bras autour de lui... J'aurais tellement voulu pouvoir tout effacer, pouvoir tout envoyer balader et simplement me serrer contre lui... Comme autrefois. Mon cœur s'emballait à cette simple pensée... mais je ne pouvais pas... je n'avais pas le droit... Ne l'avais-je pas déjà assez fait souffrir comme ça ? Et le pire, c'est que je semblais continuer, bien malgré moi. "Rolan..." Il finit par se tourner vers moi... Et à nouveau je me sentais désarçonnée. J'aurais voulu lui dire tellement de choses. Mais alors que j'allais parler, je me tus finalement... Il fallait que je m'arrête là, vraiment... Mais même si je parvenais à maîtriser le flot de mes paroles, je ne pus retenir mon corps plus longtemps de s'approcher de lui davantage, jusqu'à me retrouver vraiment très près. Posant une main sur sa joue, je vins déposer un baiser sur l'autre. "Merci de m'avoir invitée ce soir. Mais je pense que c'est mieux qu'on s'arrête là pour le moment... Je vais rentrer." Il y avait déjà eu tellement de révélations, et tout cela avant même d'avoir vu l'entrée arrivée. J'essayai d'être raisonnable. J'espérais qu'il me suivrait dans cette démarche. Est-ce que je cherchais encore à le fuir ? Pas réellement... J'avais juste l'impression qu'on avait du mal à se comprendre, et qu'il valait mieux qu'on s'arrête là avant que l'un de nous ne blesse l'autre davantage. Et mon but n'était pas de lui faire plus de mal que je ne lui en avais déjà fait.

25/11/2023

Cards under the table
not so fairplay

@Hemera Song

ootd ▬ J’inspirais lentement et profondément l’air d’un crépuscule froid. Je tentais de calmer la rage qui bouillonnait dans mes veines, je m’étais éloigné dans cet unique but. Retrouver un semblant de de sérénité face à celle dont mon cœur se languissait. J’avais passé plus de cinq ans loin d’elle, plus de cinq ans à veiller sur elle, plus de cinq ans à monter de toute pièce un plan qui s’écroulait comme un château de carte. Poings fermés, mâchoire serrée, je luttais contre moi-même. Impulsif, opiniâtre, tempétueux… je cumulais sans honte les pires défauts, ceux que j’aurais pourtant dû taire face à Hemera. Je m’étais dressé le plan de cette soirée : dîner en tête à tête, début d’ivresse afin de passer la nuit avec elle et la quitter au petit matin. Lui faire éprouver la douleur qu’elle m’avait infligé… en vain. Je devais bien me rendre à l’évidence, elle avait su brillamment désamorcer tous les pièges que j’avais tenté de lui poser. Je m’accordais ainsi quelques minutes de plus avant de la retrouver, mais je crus que mon cœur tombait dans ma poitrine en la voyant sortir à son tour.

Face à elle, je restais interdit, perdu, blessé… un état qu’elle mettait un point d’honneur à mettre en lumière, écorchant davantage ma fierté déjà brisée. J’aurais voulu réagir, mais la seule chose que je pouvais faire, c’était d’éprouver l’affliction d’un départ qu’elle tentait de m’imposer à nouveau. Elle tourna les talons mais avant qu’elle ne puisse fuir, je la retenais en lui attrapant le poignet. « Je ne te comprends pas… tu voulais vérité et honnêteté, qu’est-ce que tu veux de plus ? » Accablé par un chagrin qui menaçait de me submerger, je rivais mon regard à celui d’Hemera en quête de raison disparue. « Tu voulais savoir et je t’ai répondu… je suis là pour toi, uniquement toi, rien que toi et tu pars ? Est-ce que ça t’amuse tant de me torturer ? Tu veux me voir ramper à tes pieds ? Tu es partie ! Tu m’as quitté sans aucune raison valable et il faut encore que je subisse… » Incapable de parler davantage, les mots mourraient dans ma gorge tant je réalisais à quel point je n’étais plus rien sans elle. J’avais tenu ces cinq ans uniquement parce qu’elle hantait mes pensées, comment pouvais-je seulement survivre désormais ?

Si j’avais voulu maîtriser la situation, elle me filait désormais entre les doigts… « Rends-moi la robe. » lâchais-je subitement. Une revendication particulièrement puérile et malvenue qui me surprenait moi-même, mais têtu, je campais sur mes positions. « Je t’ai offert cette robe… il est donc légitime que je la récupère maintenant. Je ne tiens pas à te voir te pavaner aux côtés d’un autres dans une tenue que j’ai choisie. » J’étais ridicule et je m’en rendais compte, mais je n’avais également plus d’autre moyen de la retenir que celui-ci. Je vis poindre l’agacement et la colère dans son regard, une satisfaction de courte durée lorsque la colère éclata.