Epuisé par nos ébats et surtout les orgasmes que Jisoo m’a offert, je ne tarde pas à trouver le sommeil, laissant à demain mes questions et la drôle de situation dans laquelle je me suis fourré avec Jisoo. Bien évidemment, ce dernier décide de dormir dans mon lit, avec moi et je ne l’en empêche pas. Après ce qui s’est passé, il serait mal venu de ma part de le mettre à la porte ou de l’envoyer dans la chambre d’ami. Je dois également avouer que dormir avec quelqu’un n’est pas désagréable. Ça ne m’était pas arrivé depuis mon divorce et j’imagine que c’est ce qui contribue à m’offrir un sommeil réparateur dont je suis tiré par un claquement de porte suivi d’un aboiement caractéristique du chien de ma fille aîné, qui au passage ne tarde pas à crier mon nom dans la maison. Encore à moitié endormi lorsque j’émerge, je sursaute en réalisant qu’elle pourrait me découvrir au lit avec Jisoo.

C’est le chien qui nous rejoint le premier et craignant qu’il ne soit rapidement retrouvé par sa maitresse, je me lève et tente de me rhabiller. Inutile de préciser qu’enfiler un caleçon à une main quand une douleur vous tire dans le bas du dos, ce n’est pas ce qu’il y a de plus facile. D’ailleurs je renonce très vite à enfiler autre chose de plus qu’une robe de chambre. Une fois à peu près présentable, je lance à Jisoo dont les aboiements du chien et les câlins matinales ont dû réveiller :
« Reste ici. Je ne veux surtout pas que ma fille te voie. »
Heureusement que le chien est bien dressé puisqu’il me suit lorsque je me glisse hors de ma chambre en refermant la porte derrière moi pour retrouver ma fille ainée dans la cuisine, occupée à manger un bol de céréale. De ce qu’elle me dit en me saluant, j’ai une tête bizarre, ce à quoi elle ajoute qu’elle a oublié des livres et qu’elle ne reste pas.

Les deux trouvent le sommeil rapidement et ne sont réveillés que de nombrueses heures plus tard par un claquement de porte ainsi que des aboiements. Peu habitué à ces bruits, Ji Soo se réveille brusquement, ne réalisant pasi mmédiatement où il se trouve. Lorsque son regard se pose sur David, il se souvient de la veille et un léger sourire de satisfaction apparaît sur son visage. Ce dernier aussi sursaute suite au bruit et avant qu'ils n'aient le temps de réagir davantage, un chien entre dans la chambre. Instinctivement, Ji Soo se cache davantage sous les couvertures. Après tout, il ne connait pas cet animal et il n'en a jamais eu par le passé il est donc naturellement craintif. David semble reconnaître la bête et quitte aussitôt le lit pour s'habiller. Le coréen se contente de le regarder avec curiosité malgré son apparent difficulté à enfiler un caleçon avec une seule main. Après avoir pris sa robe de chambre, il annonce à Ji Soo que sa fille est là et qu'il doit rester ici pour éviter qu'elle ne le voit. Malheureusement, c'est exactement ce qu'il fallait lui dire pour le convaincre du contraire. Le chien et David quittent la chambre avant qu'il ne puisse répliquer quoi que ce soit.

Hors de question pour Ji Soo de patienter tranquillement dans cette chambre. Si la fille de David le voyait dans ce contexte, ça forcerait ce dernier à accepter davantage cette étrange relation qui les unissait maintenant. Avec ce but bien précis en tête, l'étudiant enfile aussi son caleçon et prend l'une des chemises de l'homme qu'il enfile par dessus avant de rejoindre les bruits qui semblent provenir de la cuisine. Une adolescente mange ses céréales et, avec un air complètement innocent, Ji Soo s'adresse à elle, tout en s'approchant très près de David.

Salut, moi c'est Ji Soo.

L’ensemble de mes muscles se crispent lorsque j’entends le son de sa voix. Il n’était pas sensé se présenter dans la cuisine et surtout pas devant ma fille. Il devait sagement rester caché dans la chambre mais j’imagine que c’était trop lui demander. Connaissant Jisoo, j’aurais dû me douter qu’il se comporterait de cette manière. De son côté, ma fille a lâché sa cuillère dans son bol de céréale et dévisage longuement Jisoo avant de m’adresser un regard rempli d’interrogation. Alors que je m’apprête à dire quelque chose, elle me devance et demande :
« C’est qui ? »
Jisoo s’est pourtant présenté, mais j’imagine que sa question sous-entend qu’elle aimera savoir quelle est la nature de notre relation. J’avoue qu’à cet instant une foule de possibilité fuse dans mon esprit. Je pourrais lui mentir mais Jisoo le prendrait mal et me le ferait payer. Je commence à le connaitre et malgré la nuit que nous avons passée ensemble, on ne peut pas dire que je lui fasse confiance.

Après un court silence, je m’éclaircis la voix et décide de faire les présentations. Autant prendre les devant même si à cet instant, j’ignore ce que je vais bien pouvoir dire à mon adolescente pour expliquer la présence de Jisoo, en particulier dans cette tenue. Après tout, il aurait pu prendre la peine de s’habiller davantage puisqu’il a pris la liberté de fouiller dans mes placards pour m’emprunter une chemise. Il aurait pu penser à enfiler un jean ou un bas de pyjama mais le connaissant je suppose que c’est voulu. Mais que cherche-t-il à faire ? Me pousser à parler de lui à ma fille ? Il croit vraiment que c’est le moment ? Que c’est approprié de le faire de cette manière ? Et pour lui dire quoi ? On a couché ensemble ? Qu’il me fait du chantage ? Qu’il est mon étudiant ?
« Jisoo, je te présente ma fille ainée. Alexandra. »
Au passage, je n’ai pas répondu à la question de mon adolescente qui ne tardera pas à me le faire remarquer. Alors devancer Jisoo, j’ajoute :
« Jisoo est là pour m’aider parce qu’avec un bras dans le plâtre je n’arrive pas à grand-chose quand ta sœur et toi n’êtes pas là. »
Ce qui est vrai, même si je ne lui dis pas tout mais elle n’a pas besoin de connaitre tous les détails de l’étrange relation que j’ai avec Jisoo.

Ji Soo remarque rapidement l'inconfort de David. C'était prévisible. Son sourire s'aggrandit davantage en réalisant l'impact qu'il avait sur lui et sur sa fille. C'était peut-être injuste de déstabiliser cette dernière alors qu'elle n'était qu'une adolescente mais il ne s'agissait que d'une victime collatéral dans le plan du coréen. Elle demande à son père de lui dire qui il est même si Ji Soo avait déjà révélé son nom. Pour cette fois, il laisse l'homme répondre, curieux d'entendre ses explications. Ce dernier présente sa fille avant de préciser qu'il l'aidait avec sa blessure, comme si ce genre d'arrangement était parfaitement normal et justifiait que le jeune homme se trouve avec lui si tôt le matin.

Enchanté Alexandra.

C'est tout ce qu'il répond pour l'instant, continuant d'afficher son sourire le plus innocent. Après un moment, il s'éclaircit lui aussi la gorge tout en s'appuyant contre le comptoir de la cuisine. Pourquoi ne pas prendre ses aises?

C'est exact, je suis venu aider Dav.... M. Rizal ce qui est la moindre des choses vu tout ce qu'il fait pour moi.

Il reste ambigüe dans ses paroles dans le but de forcer David à en dire davantage à son sujet mais ce dernier semble réticent à avouer qu'il est non seulement son étudiant, mais également son amant de la nuit dernière.

Difficile de ne pas fusiller Jisoo du regard lorsqu’il prend la peine de compléter ma réponse. Il n’avait pas besoin de le faire. Il aurait pu se contenter de sourire sans rien dire. D’ailleurs ses mots ne font que troubler un peu plus ma fille qui nous regarde avec curiosité avant de froncer légèrement les sourcilles, comme si elle ne comprenait pas la situation, ce qui est compréhensible. Rien ici n’est normal et surtout pas la présence d’un jeune homme aussi peu vêtu.
« Ok. »
C’est la seule chose qu’elle finit par dire avant de reposer son bol encore plein, comme si nous lui avions coupé l’appétit.
« Mais du coup vous êtes qui exactement ? »
Cette question ne m’était pas destinée. Alexandra s’adresse directement à Jisoo et je sens mon rythme cardiaque s’accélérer alors que je redoute déjà le pire. Après tout, elle essaie clairement de comprendre quelle est la nature de notre relation et avant que Jisoo ne lui réponde, je le devance. Après tout, je ne peux pas prendre le risque de le laisser lui dire n’importe quoi.
« Jisoo est un ami… »
Dis comme ça, ce n’est pas très crédible notamment à cause de la différence d’âge et je crois que c’est ce qui la perturbe le plus.
« Il est aussi écrivain. Enfin il aimerait le devenir. Je l’aide à retravailler son manuscrit avant qu’on ne l’envoie à mon éditeur. Et lui il me rend service en échange. »
Ce n’est pas complètement la vérité mais ce n’est pas non plus un mensonge. Je crois que c’est une explication acceptable et j’espère qu’Alexandra n’insistera pas pour en savoir plus. D’ailleurs c’est la première fois que j’ai hâte qu’elle rentre chez sa mère.

Ji Soo est assez satisfait de l'effet qu'il a sur la jeune fille mais surtout de la contrariété qu'il peut sentir de la part de David. Il n'y a maintenant plus de retour en arrière même s'il a fait un effort pour rester le plus ambigüe possible tout en laissant planer un certain doute. Mais évidemment, comme toute adolescente normale, celle-ci ne peut s'empêcher de demander plus de précision sur l'identité de Ji Soo, surpris de l'entendre le vouvoyer. Il ouvre la bouche pour lui répondre mais le professeur se montre plus rapide est précise qu'il est un ami. Un sourire apparaît sur le visage du coréen qui se contente donc d'acquiescer puisque ce n'est pas un mensonge. Après tout, ils ont partagé un moment intime la veille, ça fait sans doute d'eux des amis, n'est-ce pas? David ajoute également qu'il est aussi un écrivain sans spécifier qu'il est en réalité son étudiant. Il s'agit sans doute d'un détail qui aurait trop choqué la jeune fille qui, de cette façon, ne peut se faire une idée définitive sur l'âge de Ji Soo ni l'indécence de leur relation.

Euh oui... Exactement.

Il se retourne alors après avoir ajouté:

Alors je vais vous laisser en famille et aller me préparer la journée.

Son regard se pose sur David et il poursuit:

Tu devrais faire pareille, je suis là pour t'aider alors tu n'as pas à embêter ta fille avec ça.

Je n’aime pas devoir mentir à ma fille mais en même temps, ce n’est pas comme si je pouvais lui dire la vérité. Alors lui expliquer que Jisoo n’est qu’un ami que j’héberge me semble l’explication la plus plausible. Bien sûr, il n’est pas très habillé mais pourquoi faire des manières quand on est entre hommes ? Entre amis… ça ne veut absolument rien dire. Du moins je l’espère car à cet instant j’ai du mal à lire l’expression qu’affiche le visage de ma fille. Dans tous les cas, je suis soulagé que Jisoo ne me contredise pas. Il ne s’impose pas non plus, même s’il semble prendre un malin plaisir à me rappeler qu’il est là pour m’aider à m’habiller. Inutile de préciser que sa remarque en ajoute au malaise ambiant. D’ailleurs ma fille ne tarde pas à poser son bol dans l’éviter et à déclarer qu’elle était juste passée pour prendre un bouquin et qu’elle ne reste pas. Sans que je puisse dire quoi que ce soit, elle file vers sa chambre, passant par la même occasion devant la mienne. L’espace d’un instant, j’espère qu’elle ne verra rien de compromettant et si c’est le cas, elle ne dit rien lorsqu’elle revient m’embrasser sur la joue avant de s’en aller avec le chien, saluant poliment Jisoo au passage avant de s’éclipser.

Lorsque nous nous retrouvons à nouveau seuls, je pousse un profond soupir avant de me tourner vers Jisoo :
« Merci de ne pas m’avoir contre dit. »
Après tout, je ne peux pas lui faire de reproche sur ses paroles en revanche pour ce qui est de sa conduite :
« J’aurais quand même préféré que tu restes dans la chambre. Quel besoin avais-tu de te montrer ? Qu’est-ce que tu as essayé de faire ? »

Ji Soo est parfaitement conscient du malaise qu'il cause entre David et sa fille et il s'en amuse. Son but n'est pas de traumatiser la pauvre adolescente mais elle finira bien par s'en remettre. Après tout, son père devra bien se rendre à l'évidence et admettre qu'il a bel et bien une attirance pour les hommes. Qui sait ce que l'avenir lui réserve? La génération de sa fille devrait se montrer assez compréhensive pour ne pas causer de vague, une fois le choc de la nouvelle passé. Celle-ci ne tarde pas à disparaître pour prendre ses affaires avant de revenir les saluer une dernière fois puis quitter. Ji Soo la salue tout aussi poliment, son sourire amusé ne quittant pas son visage alors qu'il se tourne vers David qui lui adresse finalement la parole. Il le remercie, ce qui ne fait qu'aggrandir le sourire du coréen qui constate que son professeur réalise que la situation aurait pu être bien pire.

Tu crois que c'est raisonnable de me dissimuler dans la chambre après ce qui s'est passé entre nous hier?

Ji Soo est bien conscient qu'il s'agit exactement de la raison pour laquelle l'autre homme ne voulait pas qu'il se montre. Il hausse légèrement les épaules, ajoutant avec une fausse innocence:

Tu m'as demandé de rester pour t'aider, je devais m'assurer que tu t'en sortais bien sans moi. Aurais-tu du mal à assumer ce qui s'est passé?

Il connaissait déjà la réponse mais il souhaitait que David réalise la situation délicate dans laquelle il s'était placé ainsi que ses obligations nouvelles face à Ji Soo qui pourrait certainement en profiter davantage.

Est-ce que j’ai du mal à assumer ce qui s’est passé entre nous ? Bien sûr ! Ce n’était pas prévu et avant ce soir, je n’avais jamais posé mon regard sur un homme. Je n’ai jamais eu ce genre de pulsion. D’ailleurs en dehors de mon ex-femme, je n’ai jamais convoité qui que ce soit. Alors forcément, ça me fait drôle d’avoir couché avec un homme, surtout beaucoup plus jeune que moi. Et si ça ne suffisait pas, c’est en plus un de mes étudiants ! Certes, je me suis affiché hier soir avec lui, devant toute la communauté universitaire mais je ne pensais pas que je sauterais le pas.

Sans répondre à sa question, je me contente de pousser un profond soupir avant de lui demander :
« Qu’est-ce que tu attends de moi Ji Soo ? C’est ça que tu voulais depuis le début ? Qu’on devienne amants ? »
Sans attendre sa réponse, je lui tourne le dos pour nous faire couler du café. Je crois que j’en ai besoin après la nuit que nous venons de passer ensemble et ce réveil un peu catastrophique. En plus, c’est une des rares choses que je peux faire à une main. D’ailleurs tout en préparant le café, je réalise que plus le temps passe, plus il a de l’emprise sur moi en se glissant notamment un peu plus dans ma vie.
« Est-ce qu’on est sensé devenir une sorte d’Artur Rimbaud et Paul Verlaine moderne ? »
A la différence que nous ne sommes pas poètes mais écrivains.

La question de David l'amuse. Bien sur que non, ce n'est pas ce qu'il voulait depuis le début. Il ignorait que son professeur puisse avoir la moindre inclinaison pour les hommes. Il voulait s'immiscer dans sa vie, certes, mais il se serait satisfait d'une relation platonique. Ou une simple relation professionnelle qui lui aurait assuré une place dans le monde littéraire. Mais rapidement, il avait perçu une ouverture de la part de David. Il en avait profiter et ça les avait mené à cette soirée, la veille, où ils s'étaient affichés ensemble pour finalement terminer la nuit dans le lit de l'homme à s'étreindre.

Non, et toi?

Ji Soo se contente de sourire en l'observant préparer du café. Il semblait bien se débrouiller avec un seul bras alors il ne ressent pas le besoin de lui prêter main forte pour l'instant. C'est finalement la comparaison à laquelle David fait référence qui a raison de lui et le fait éclater de rire.

Je vois pourtant quelques différences....

Certes, l'impulsivité et parfois la méchanceté de Ji Soo peuvent rapeller la personnalité de Rimbaud qui était connu pour son penchant pour l'alcool. Cependant...

C'est plus simple dans notre cas; tu n'es déjà plus avec ta femme. Et qui sait, je pourrais peut-être, moi aussi, t'aider à retrouver ton inspiration et tu pourrais écrire ton meilleur matériel jusqu'à présent.

Il appuie ses coudes sur la table.

De toute façon, tu ne pourras pas me faire croire que tu n'as pas aimé ce qui s'est passé hier....

Je suis choqué il me retourne ma question. Bien sûr que non ! Je n’ai jamais imaginé un seul instant que nous devenions amants. Il était ou plutôt, il est toujours mon étudiant et puis c’est un homme. Avant ce qui s’est passé entre nous, j’ignorais que je pouvais développer une attirance pour les hommes. Je n’ai jamais été intéressé par les relations purement charnelles. Je n’ai jamais eu de fantasme sur qui que ce soit. Je n’ai jamais désiré quelqu’un d’autre que mon ex-femme, femme ou homme d’ailleurs. J’ai besoin d’avoir une relation platonique avec quelqu’un pour projeter une intimité avec cette personne. Force est de constater que la relation platonique en question n’est pas nécessairement positive puisqu’on ne peut pas dire que nous partagions des sentiments tendres l’un pour l’autre, Jisoo et moi.
« Je n’ai jamais voulu faire de toi mon amant. Même quand je t’ai présenté comme mon compagnon hier soir. C’est un peu arrivé par hasard. »
Comme un accident de parcourt et visiblement ce n’est pas le premier aux dires de Jisoo même si je ne me souviens pas de cette fameuse nuit que nous avons pu partager dans sa chambre d’étudiant. Cela dit, ça n’a plus vraiment d’importance aujourd’hui puisque nous avons consommé notre fausse relation.

Je finis par comparer notre relation à celle des poètes et amants maudits, Rimbaud et Verlaine, ce qui fait rire Jisoo. Tant mieux si ça l’amuse car ce n’est pas mon cas. Tout en l’écoutant, je nous sers du café, hésitant sur quoi lui répondre :
« De toute façon, recommencer ne serait pas raisonnable. »
Ce qui ne veut pas dire que je n’ai pas aimé, bien au contraire…
« Coucher ensemble ne ferait que compliquer notre relation qui est suffisamment complexe comme ça. »
Après tout, je suis toujours son directeur de mémoire même si j’essaie de me faire remplacer dans ce rôle.
« Mais si tu acceptes un autre directeur de mémoire, alors nous verrons. »
Je ne sais pas très bien dans quoi je m’engage avec lui. J’ai le sentiment que plus je me débats pour retrouver le contrôle, plus Jisoo resserre son emprise sur moi, ce qui est terriblement agaçant et frustrant.

David prétend ne jamais avoir voulu faire de lui son amant. Même si Ji Soo le croit en partie, il trouve que l'homme a cédé bien facilement. Il n'a pas eu à s'imposer excessivement et l'alcool et la médication n'excusaient pas tout. Visiblement, son professeur avait des désirs refoulés et il ne les assumait pas encore.

C'est plus facile de t'afficher publiquement avec moi ou de l'assumer de l'intimité?

La réponse l'intérressait réellement et en dirait long sur les intentions de David et la possibilité que Ji Soo puisse profiter de son point faible. Il l'observe leur servir du café, tâche pour laquelle il ne semble pas nécessité son aide, alors qu'il mentionne qu'il vaut mieux pour eux de ne pas recommencer. Ji Soo hausse les sourcils de surprise.

Et pourquoi?

Après tout, qu'est-ce que ça pouvait changer à ce point ci?

Ce n'est pourtant pas si compliqué. C'est même un scénario visité une tonne de fois. Un prof tombe sous le charme de son étudiant et ils ont une relation plus que professionnelle.

Sauf qu'elles ne commencent pas toutes par du chantage.

Bon pour l'instant c'est une attirance physique. Tu ne peux pas la nier. Mais si tu veux que je change de directeur... Tu devrad tout de même prendre la responsabilité de ma réussite.

Est-ce que c’est plus facile de m’afficher publiquement avec lui que de l’assumer dans l’intimité ? Je ne répondrais pas à cette question pour la simple raison que j’ai le sentiment que Jisoo se sert de chacune de mes paroles contre moi et c’est justement la raison pour laquelle nous ne pouvons pas devenir amants. Mais enfin, ça serait un comble ! Il s’est quand même imposé à moi par le chantage. Je ne peux pas faire comme si ça n’était jamais arrivé, à moins de réussir à tourner notre relation à mon avantage. Comment ? Je n’en sais rien.
« C’est un joli scénario que tu me décris-là mais chassez le naturel, il revient au galop et tu ne peux pas t’empêcher d’exiger des choses de moi, comme ta réussite. »
Jisoo est pourtant suffisamment brillant pour ne pas avoir besoin de mon intervention.
« On ne peut pas être officiellement ensemble et continuer d’être dans une relation d’enseignant et élève. Je prendrais rendez-vous avec le doyen et je demanderais à ne plus m’occuper de ta promotion jusqu’à ce que tu obtiennes ton diplôme. Puisque notre relation a été rendu public hier, il comprendra. Je t’aiderais à trouver un autre directeur de mémoire, ça ne sera pas bien difficile et bien sûr je t’aiderais pour ton mémoire et ta carrière d’écrivain mais je ne veux plus de chantage. »
Puisque notre relation est publique, j’ai désormais beaucoup à perdre si je venais à me rétracter alors il n’a plus besoin de cette vidéo. Il peut me la donner et je m’assurais que personne ne la voit jamais. Ça rééquilibrerait aussi notre relation et peut-être que je me montrerai plus ouvert à certaines choses.

David esquive sa question maid il ne s'en sortira pas si facilement. Ji Soo hausse légèrement les épaules lorsqu'il l'accuse d'exiger trop de lui. Ça fait pourtant partie du jeu, si seulement le professeur acceptait de s'y plier plus facilement.

N'est-ce pas le rôle d'un directeur de mémoire de s'assurer du succès de ses étudiants? Ou même le rôle du petif ami parce que, aux yeux de bien des gens, c'est ce que nous sommes non?

Ji Soo appuie ses coudes sur le comptoir en observant David un moment avant de réagir à ses paroles.

Alors j'en conclus que nous resterons en couple et que tu assureras ma carrière à défaut de superviser mon mémoire?

L'idée ne lui déplait pas. Il en tirera sans doute de meilleures avantages de cette façon.

Le chantage dépend de toi. Tu connais déjà les infos que je possède, si tu ne respectes pas notre entente, rien ne m'empêchera de les utiliser. Mais je préfère qu'on profite tous les deux de la situations... Après tout, tu as aimé baiser avec moi. C'est un bénéfice pour toi.

Peu importe ce que je pourrais lui dire, Jisoo reste convaincu qu’il est de ma responsabilité de m’assurer de sa réussite. Ce n’est pourtant pas quelque chose que je peux lui promettre. Il est le seul à pouvoir décider de son destin mais il semble avoir un avis bien à lui sur la question. Heureusement qu’il est brillant et talentueux, sinon nous aurions eu un sacré problème, moi en particulier.

Il s’accoude au comptoir et un soupir s’échappe de mes lèvres en l’entendant résumer la situation. Je pose un peu brusquement ma tasse avant de lui répondre :
« Oui. Je ferais le nécessaire pour lancer ta carrière d’écrivain. Quant au fait qu’on soit un couple, je t’ai déjà présenté comme mon compagnon hier soir alors tu n’as pas matière à te plaindre à ce sujet. »
En espérant que ça soit suffisant pour préserver ma carrière universitaire. Quand il me répond au sujet du chantage, il ne peut pas s’empêcher de faire référence à ce qui s’est passé entre nous la nuit dernière. J’ai encore du mal à réaliser que c’est vrai et je ne comprends pas comment nous avons pu en arriver là.
« En toute honnêteté, même si j’ai aimé ce que nous avons fait la nuit dernière, tu dois savoir que je ne suis pas attiré par les hommes et que je n’avais pas prémédité ce qui s’est passé. Tout le temps où tu as été mon étudiant, je n’ai jamais eu ce genre de pensée déplacée vis-à-vis à de toi. Ce qui s’est passé hier était un accident. Quand je t’ai présenté comme mon compagnon, ce n’était que pour les apparences. Je ne m’attendais pas à ce que ça devienne vrai. »
Puis un doute traverse mon esprit…
« Tu n’as quand même pas envie qu’on recommence ? Et qu’on devienne des amants réguliers ? »
Une vague de chaleur m’envahit à cette idée bien que je ne sache pas encore quoi penser de tout ça. Jisoo est censé être mon ennemis et ma priorité et de récupérer toutes les copies de la vidéo compromettante qu’il a sur moi, pas de m’envoyer en l’air avec lui.